12 février 2009


Le Barrage (Ouagadougou, 2008)

Hors-cadre

Il n'y a de valable que ce qui entoure les images existantes. Un documentaire basique, - produit pour le flot télévisuel -, raconte une histoire agencée pour informer, émouvoir ou divertir. Mais l'histoire la plus intéressante se joue hors du cadre : c'est celle du documentaire en train de se faire. Il faudrait donc être capable de tout visionner avec un double regard permanent, faire l'effort de ne pas s'abandonner au cadre afin d'envisager tout ce qu'il y a autour. Tourner des images, - c'est encore plus vrai à l'étranger -, est une aventure avec son lot d'amour, de haine, de rencontres, de luttes, de faiblesses et de victoires. Une aventure qui mériterait d'être encadrée.

06 février 2009


Les Blanches (Ouagadougou, 2008)

EN VITRINE

Retour aux "posts". Un blog sans textes et sans photos, c'est un individu qui sombre dans l'inconnu, terrible drame contemporain. Je me remets donc en vitrine, - cette fois c'est promis -, avec l'insupportable prétention de donner mon opinion sur l'image, les images, et en particulier celles que je produis pour la télévision ou que j'exécute dans mon coin. Égocentrique mais décontracté, ça prétend parler de soi sans prétention, faire son intéressant sans être insignifiant. Signifions donc. Video Ergo Sum s'allume à nouveau.

04 février 2008


Souvenirs sur fleurs jaunes (Saint-Florentin, 1978)
Photographe : Catherine Bouquet

2008 en questions

Quelles solutions y’a-t-il ? Où trouver l’espoir d’un monde nouveau, d’un renouveau ? De quoi demain sera-t-il fait ? Ressemblera-t-il à hier ? Et aujourd’hui dans tout ça ? Qui porte en lui, en elle, la solution ? Qui suivrons-nous ? Qui devons-nous suivre ? Qui ou quoi ? Y’a-t-il encore des possibles ? Est-il encore possible de faire le bien sans faire de mal ? Où est le mal ? Où est le bien ? Faut-il rire ? Faut-il pleurer ? Chaque moment qui passe, est-il un moment de plus ou un moment de moins ? Faut-il aller au bout de l’expérience ou la quitter en chemin ? Quel est le bon chemin ? En 2008, je vous souhaite de répondre à au moins une de ces questions. Mais je vous souhaite surtout, autant que vous le pourrez, de continuer à fabriquer des souvenirs.

26 novembre 2007


Le Blues (Québec, 2006)

Sincères excuses à la Nation Atikamekw

Il y a plusieurs mois de cela (Septembre 2006), je publiais sur ce blog un article intitulé "Opitciwan, un an après". J'y décrivais dans des termes assez directs la peine qui m'avait saisi au retour d'une expérience de travail dans la communauté Atikamekw d'Opitciwan au Québec. Aveuglé par une année difficile à me promener dans des endroits très défavorisés du Globe, je ne voyais malheureusement pas en premier lieu les plus belles choses qui m'entouraient alors.
Des réactions très violentes ou emplies de reproches ont alors envahi mon blog, et même si je n'accepte pas l'agressivité masquée, je dois admettre que je comprends pourquoi. C'est pourquoi je demande ici à vous tous, membres de la Nation Atikamekw, de bien vouloir m'excuser. J'aurais du commencer pas parler des sublimes aurores boréales qui ont illuminées mes nuits là-bas, des succulentes invitations à souper des beignets de doré dont on ne se lasse jamais, des moments de joie et de franche rigolade passées en compagnie des amis et des enfants de la communauté, des promenades éblouissantes dans la forêt environnante à observer l'horizon bordé de cimes et de lacs, de la chaleur et de l'humour des habitants d'Opitciwan, et du travail acharné de ceux-ci pour faire croître leur environnement dans une atmosphère saine et détendue.
C'est de cela dont j'aurais du tout d'abord parler, avant d'aborder le sujet sensible des problèmes qui sévissent ici comme ailleurs, au sein des villes. Si j'ai tout de suite sauter à des réflexions empreintes de tristesse, c'est parce que j'aime profondément votre communauté, chers amis. C'est aussi cela que vous devez comprendre : je suis triste quand on vous fait mal, car cela me fait mal à moi aussi.
Enfin, moi, le Blanc des villes, j'espère qu'un jour j'aurais la possibilité de me rendre à nouveau chez vous car j'y ai vécu des moments riches et utiles. S'il vous plaît, je vous demande de bien vouloir m'excuser et de m'offir à nouveau l'hospitalité de vos lieux charmants et désarmants.

09 octobre 2007


Narcisse brisé (Ocotal, 2006)

L'Ennui

Il n'y a rien de plus difficile à filmer que l'ennui.
Donnez-moi du tir, de la mort, de la misère qui traîne les pieds, des tonnes d'ordures, du junkie, un trou dans le ventre (ou dans la tête), des larmes, du désespoir crié, hurlé, chanté, des mains qui touchent, brûlent, vomissent, ton père, ta mère, tes enfants cassés par la dure vie dure, mon suicide en cinémascope, toute la pourriture dans une boîte à couleurs, un oeil rongé jusqu'à l'iris.
J'en ferai quelque chose d'esthétique.
Mais l'ennui est un défi trop gros pour moi.
Je n'y toucherai plus jamais.
Il n'y a pas de colère dans l'ennui.

25 septembre 2007


Troisième oeil (Katmandou, 2007)
Photographe : Anonyme

L'Image

À Bhaktapur, j'ai rencontré un jeune peintre rafistolé en quête d'argent pour son école, ses Beaux-Arts. Bouddhiste, il vit avec d'autres de son espèce dans une bâtisse aussi chaleureuse que fissurée dont les murs sont ornés de trésors : des toiles peintes rouge et or aux traits miniatures et précis. Histoire de Siddhartha, mandala du Dalaï Lama ou danse de Shiva masquent la grisaille de ces murs centenaires qui croupissent sous la vermine. Pour les restaurer, ces jeunes peintres vendent leurs oeuvres aux voyageurs et touristes qu'ils attrapent avec des sourires. Je me laisse attraper car j'aime me faire prendre par la beauté, même un peu hypocrite. J'écoute donc l'histoire du pinceau à un seul poil qu'ils utilisent ici pour peindre le détail. Mais surtout, j'apprends avec intérêt que le premier coup de pinceau n'est autorisé à l'élève par ses maîtres, - des moines -, qu'après des années de méditation au cours desquelles il faut tout d'abord apprendre à visualiser son art. Il faut que les yeux soient grand ouverts avant de produire une seule image.
Les miens sont grand fermés. Aucun parcours méditatif ne m'a amené à faire ce que je fais. Je filme sans religion. Je l'ai eu un temps, cette mystique de l'image, mais je ne l'ai plus. La télévision l'a tuée. Il y a un rythme qu'il faudrait respecter quand il s'agit de faire des images, un rythme lent. Ce n'est pas celui de la télévision. Définitivement, celle-ci est grandement responsable de la perte du sacré. L'image, c'est, ou plutôt c'était sacré. Ça ne l'est plus. Mais les images sont partout.